Ci-dessus et ci-contre: Le site du Bomelet vers 1683, alors « terre » appartenant aux héritiers de Jacques Villard et de Jean-Jacques Borboen

(Archives cantonales vaudoises, Gb 171 a, plan cadastral Gignillat, vers 1683, f° 31).

A la limite nord du territoire communal subsiste un bois humide au lieu-dit «Bomelet». Ce toponyme est attesté déjà vers 1683, mais il est assurément bien plus ancien. On écrit alors «Bomelet», ou également «Bosmellet».

La graphie «Boinelet» que l’on trouve sur la carte Siegfried  (version 1893) résulte d’une lecture erronée du nom de lieu par le dessinateur de la carte, la confusion entre les jambages des lettres «m» et «in» étant facile. (Carte Siegfried, flle 435, Bussigny 1893, Swisstopo).

Bomelet, nom de lieu très rare, n’est pas évoqué dans les ouvrages courants de toponymie. Il pourrait renvoyer à «Bosc Melet», c’est-à-dire «Bois Melet», forêt portant le nom d’un ancien propriétaire.

Il existe également un château de Bosmelet à Aufray en Haute-Normandie.

Création de la réserve naturelle

Les premières opérations d’améliorations foncières, dans les années 1940, ont supprimé bon nombre de zones humides et la commune de Lonay est entrée dans de profonds changements. Ce mouvement s’est accéléré à partir des années 1960 avec l’ouverture de l’autoroute A1 puis la construction de la gare de triage dans la plaine de Denges. Ces travaux ont fortement modifié le paysage et fait disparaître de grandes surfaces vertes. Subsistait toutefois, au lieu-dit Le Bomelet, à la limite nord du territoire communal, un bois sporadiquement inondé, le site étant situé au confluent des deux modestes ruisseaux, à savoir le  Flon de Bremblens et le Flon d’Echandens (signalé sur le plan cadastral de 1683). Ces ceux sources réunies forment bien plus bas, au-dessous de la gare de triage, le Bief qui se jette dans le lac à l’est de Morges.

Afin de décourager des dépôts illicites, la commune y avait fait poser dès les années 1960 un écriteau «Réserve naturelle – Dépôts interdits». Des panneaux plus modernes viendront compléter la signalisation en 1990.

Avec le soutien des autorités politiques et sous l’impulsion de Jean Oberhänsli, alors conseiller communal, un groupe d’action s’est constitué vers 1974 pour étudier, en collaboration avec Pro Natura (Ligue vaudoise pour la protection de la Nature) la pertinence d’un aménagement du site en véritable réserve naturelle. Une commission du Conseil communal de Lonay a même visité, pour se faire une idée des aménagements à prévoir, plusieurs plans d’eau dans la région de La Côte. Notamment la Gouille Marion, à Mies, créée en 1972, ainsi que deux étangs artificiels à l’Arboretum d’Aubonne et une petite roselière à Morges.

En 1975, une étude géologique du professeur Daniel Aubert, étayée de sondages, montre que le sous-sol est composé d’une marne assez étanche pour convenir à une retenue d’eau.

Le projet est approuvé par la commune en 1975 avec des travaux devisés à moins de 20’000.- francs. L’année suivante, le 7 mai 1976, un premier étang expérimental est creusé avec une petite prise d’eau aménagée sur l’un des ruisseaux. L’imperméabilité du sol ayant été vérifiée, ce plan d’eau de 300 m2 environ, d’un mètre de profondeur, est devenu le premier de son espèce dans l’Ouest lausannois. Le corps enseignant s’y est intéressé dès le départ, et dès 1984, la zone du Bomelet est protégée par son intégration dans le plan d’affectation communal de Lonay.

Toujours à l’initiative de J. Oberhänsli, un petit groupe comprenant Didier Borboen, instituteur, Willy Buchs, Samuel Zürcher s’est constitué en 1987 pour assurer de manière informelle l’entretien de la réserve. Dès 1989, le groupe prend le joli nom de GEAI (Groupe Entretien, Animation, Information). et un îlot dans l’étang (en fait une ancienne souche de peuplier, très saillante) est garni la même année d’une plateforme ou « corbeille » en osier pour faciliter l’établissement d’un nid de canard. Cette installation sera cependant rapidement vandalisée.  Jean-Paul Goy rejoint l’équipe en 1980 et jouera par la suite un rôle considérable.

En 1993, trois étudiants du SANU (Institut de formation pour le développement durable), Francis Drayer, Christian König, et Pierre-Alain Mooser, effectuent, dans le cadre d’un travail de diplôme, une étude sur la réserve naturelle de Lonay. Établissant un plan de gestion pour la maintenance à long terme de ce site, ils proposent même la création d’un second étang.

A nouveau avec l’aide précieuse de la commune, un second étang de 400 m2, à l’aval du précédent, a pu être creusé en 1997, année de la première Journée mondiale des zones humides. L’alimentation est assurée par la première nappe d’eau et l’eau est restituée au ruisseau après avoir traversé encore une zone marécageuse. Ainsi, plusieurs secteurs humides variés ont pu se développer, ayant chacun leurs spécificités.
Les conditions cadres étant données, il ne restait plus qu’à laisser faire la Nature. Au cours des décennies, le site a été colonisé peu à peu par de nombreuses espèces végétales et animales, pour la plupart aquatiques et souvent menacées de disparition.

1999: une pollution accidentelle au mazout nécessite d’importantes mesures de nettoyage.

2008: la Protection civile construit l’escalier d’accès et la passerelle sur le Flon d’Echandens .

2010: curage à la pelle mécanique du premier étang, peu à peu remblayé par les apports de terre en suspension dans les eaux pluviales.

Cette réserve naturelle communale de Lonay s’étend maintenant sur environ un hectare. Elle est entourée d’un cordon boisé et constitue pour la Commune et pour la région un enrichissement dont la valeur biologique et éducative est indéniable.

En outre, la commune a obtenu que des surfaces de compensation écologiques soient créées en bordure de la réserve, sur les parcelles agricoles qui lui appartiennent. Ainsi, une précieuse zone tampon de plusieurs mètres de large crée sur le pourtour du site une transition entre les terres cultivées et le milieu naturel. Déjà plusieurs espèces de papillons, précédemment non répertoriés dans la région, y ont fait leur apparition.

Source: Jean Oberhänsli, «La réserve naturelle du Bomelet», La Nature Vaudoise (Journal de Pro Natura Vaud 132, octobre 2010).